Je vous livre ici, en guise de premier article,une dissertation que j'ai écrite en deuxième année de prépa. C'est sans doute celle que j'ai le plus réussie. C'est aussi le point de départ de mon parcours, la grande désillusion, le désenchantement du monde, ou du moins de ma vision du monde. Malgré les difficultés inhérentes à une vie "à la marge", le poker s'est naturellement imposé pour moi comme un moyen afin de ne pas me faire broyer par la machine sociétale. J'ai l'espoir de réussir dans ce domaine comme j'ai réussi en prépa et, un jour, d'en tirer le même prestige et la même reconnaissance sociale de la part de mes amis, mes proches, mes parents. Il faut bien l'avouer, ma mère était plus fière de son fils en prépa que de son fils joueur de poker semi-pro.
C'est donc une dissert spéciale et, vous l'avez compris, chère à mon coeur. On y découvre mon regard sur le monde, mes doutes quant à la viabilité de notre mode de développement sur le long terme et une vision somme toute assez sombre du futur. Je vous laisse seuls juges. Certains concepts paraitront bien entendu obscurs aux non-avertis. Je n'ai qu'un seul conseil : soyez curieux. Ah oui, il faut s'accrocher c'est assez long ;)
Pour les abréviations :
PDEM=pays développés à économie de marché
PMA=pays les moins avancés
DES : dvpmt économique et social
Thème : Repenser le développement, pourquoi ? Pour quoi ?
Processus cumulatif et de long terme, le développement est par essence porteur d’un caractère qualitatif plus que quantitatif, ce qui le rend de fait difficilement mesurable et définissable. Il est cependant généralement admis que cette notion peut être assimilée à l’ensemble des transformations économiques, sociales ou encore culturelles aboutissant in fine à l’élévation générale du niveau de vie d’une population donnée. Il convient également de ne pas en confondre les fins (satisfaction des besoins, réduction des inégalités ou encore respect de l’environnement) et les moyens, au rang desquels figure notamment la croissance économique. Les PDEM ont semble-t-il su ériger leur mode de développement en modèle de développement, la dynamique d’accumulation du capital et la primauté de la logique de marché s’imposant comme seuls ressorts du DES. Mais un simple constat empirique vient en nuancer l’efficience : La précarité grandissante au sein de pays pourtant riches, la pauvreté alarmante des PMA et le pillage sans retenue de la nature semblent aller de pair avec l’actuelle occidentalisation du monde. C’est donc bien ce mode de développement occidental, celui là même qui se veut universel et normatif qu’il faudra dépasser dans un futur proche pour éviter les catastrophes vers lesquelles l’économie mondiale nous entraîne. Se pose alors légitimement une question cruciale : Quelle(s) stratégie(s) de développement adopter pour remédier aux dysfonctionnements majeurs du modèle dominant ? Après avoir étudié pourquoi repenser notre mode de développement est une nécessité, nous verrons ensuite quelles peuvent en être les alternatives. Enfin, nous nous demanderons si remettre en cause le socle même de notre civilisation, c'est-à-dire d’abord notre croyance en la croissance et l’accumulation du capital, notre foi en le progrès et la technique ensuite, n’est pas la solution.
Comme l’a souligné Serge Latouche dans son article Les Mirages de l’Occidentalisation du Monde, le mode de développement adopté par les PDEM a dominé la planète depuis deux siècles. La croissance économique, l’accumulation du capital et la croyance en les forces du marché en constituent le noyau dur. Ce « noyau dur » a eu des effets positifs indéniables. Il a permis aux actuels « pays riches » de rompre avec l’apathie économique qui caractérisait l’ère préindustrielle en favorisant la réunion des conditions préalables à ce que Rostow appelait le take-off. Le fort IDH relevé actuellement au sein des pays du Nord, mais aussi parmi les pays émergents ayant adoptés avec succès ce modèle, est là pour en témoigner. Le mode de développement occidental a donc été un incroyable tremplin pour les actuels pays du Nord et pour les NPI. Ce succès a été à l’origine d’une formidable augmentation du niveau de vie en leur sein. Cependant, il est clair que le « noyau dur » sur lequel repose le modèle de développement occidental a été à l’origine de dynamiques contradictoires et souvent dévastatrices. Les lacunes du modèle occidental sont aujourd’hui patentes sur plusieurs plans.
Tout d’abord, la définition même du développement renvoie à la « couverture des coûts de l’homme » (F.Perroux) et de tous les hommes. Or un constat s’impose : à l’aube du 21ème siècle, 40% de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour et de multiples régions du monde restent encore à l’écart du développement. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer l’hégémonie occidentale et imputent ce non développement au mode de développement adopté par les PDEM. La logique d’accumulation du capital a semble-t-il été un instrument de domination du Nord sur le Sud. Ce déséquilibre prend plusieurs formes : c’est l’échange inégal décrit par Raùl Prebisch et Arghiri Emmanuel, c’est l’exploitation de la périphérie (le Sud) par le centre (le Nord) chez Samir Amin, c’est la recherche de nouveaux territoires monétisables pour retarder la baisse tendancielle du taux de profits selon Lénine. Ces travers du mode de développement capitaliste trouvent une traduction concrète dans la réalité. Comment ne pas faire référence ici au passé colonialiste des pays à industrialisation précoce? Aujourd’hui encore, ces rapports de force inégaux entre le Nord et le Sud sont réels, à tel point que certains dénoncent l’émergence d’ « îlots de prospérité » détachés du tiers-monde condamné à la misère. Stiglitz, dans son ouvrage La grande Désillusion, dépeint les institutions internationales comme moyen pour les occidentaux d’imposer leur mode de développement à la planète dans son ensemble. Le FMI, en n’accordant de fonds qu’aux pays se convertissant à la logique occidentale, tout en les contraignant à « assainir » leur économie via des « politiques d’ajustement structurel » coûteuses sur le plan social, est par exemple un important vecteur de cette domination. La spécialisation de certains PMA (souvent contrainte par ce même FMI pour rééquilibrer au plus vite leurs balances commerciales) dans des biens manufacturés à faible valeur ajoutée ou dans des matières premières constitue une véritable trappe à développement : Victime de la fluctuation des cours de leurs exportations, dépendant des débouchés fournis par le Nord, le Sud semble empêtré dans ce néocolonialisme source de misère et pauvreté. Repenser le mode de développement occidental est donc plus que jamais une nécessité puisque, comme l’a montré André Gunder Frank , « le sous-développement a été engendré par le même processus historique qui a également engendré le développement : le capitalisme lui-même ». La croissance et la dynamique d’accumulation sont également, de par leur visée universaliste, génératrices de violences. La guerre, comme le prouvait Castoriadis, mais aussi l’uniformisation culturelle en sont le résultat. Le mode de développement occidental a donc eu des effets positifs indéniables, mais son incapacité à apporter le bien-être de tous les hommes et sa prétention universelle en font un modèle imparfait.
Les lacunes du mode de développement occidental sont également patentes sur le plan environnemental. Ce modèle n’est dans ses modalités actuelles pas soutenable dans le temps. En effet, l’accumulation du capital suppose l’expansion et la croissance économique suppose l’augmentation de la production. La pollution générée lors du processus productif va donc forcément s’accroître dans le futur si de sérieuses dispositions ne sont pas prises incessamment. Prenons un exemple concret : L’adoption du mode de développement occidental par les BRIC’s a eu des effets dévastateurs. Avec des taux de croissance avoisinant les 10% et un poids démographique considérable, le « take-off » de ses pays a conduit à une augmentation colossale des émissions de CO2 au niveau mondial. La soif de consommation de la population des PDEM et des NPI nourrit encore davantage cette logique de croissance et d’accumulation du capital chère à l’occident. Les conclusions du rapport Meadows de 1970 sont sans équivoque : « La planète n’est pas assez vaste et ses ressources ne sont pas suffisantes pour tolérer plus longtemps le comportement égocentrique et agressif de ses habitants. Plus nous nous approchons des limites matérielles de la terre, plus ce problème risque d’être insoluble ». Pour employer un langage Malthusien, nous pourrions dire que la croissance et la logique d’accumulation épuisent les ressources de manière exponentielle alors que ces dernières ne se renouvellent que sur un rythme arithmétique. L’exemple de la civilisation Maya, qui a disparu en exploitant outre mesure son environnement, nous invite à repenser d’urgence les moyens pour accéder au développement. La croissance, l’accumulation du capital et le marché ne peuvent plus être considérés comme la seule et unique voie aboutissant au bien-être du plus grand nombre. Le rapport du GIEC est clair, les changements climatiques sont en grande partie due à « l’activité humaine », et en particulier à la pollution engendrée lors du processus productif. Il est donc ipso facto nécessaire non seulement de repenser notre mode de développement, mais surtout de mettre en place un modèle alternatif, soutenable sur le long terme et bénéfique à l’ensemble de l’humanité.
Deux solutions s’offrent à nous pour remédier à ce « scandale du développement » mis en évidence par Jacques Austruy. Première optique : conserver les mêmes ressorts du DES en leur accolant un volet social et écologique chargé d’en réguler les dérives. En d’autres termes, c’est conserver la croissance et l’accumulation du capital comme voies pour accéder au développement tout en essayant d’en limiter les conséquences fâcheuses décrites ci-dessus. De nombreux efforts ont déjà été entrepris notamment dans le domaine environnemental. La tenue du Grenelle de l’environnement, la création de Powernext Carbon, mais aussi la naissance d’une certaine « conscience écologique » dans les pays du Nord sont autant de signes d’espoir pour le futur. L’Europe s’oriente vraisemblablement, au moins sur le plan écologique, vers ce type de régulation. Stavros Dimas, commissaire européen chargé de l’environnement, a d’ailleurs assuré lors de la conférence de Bali que l’UE réduirait de 20% ses émissions de GES d’ici 2020. Un certain optimisme est donc possible, les progrès déjà réalisés (prenons ici l’exemple de l’élaboration de nouveaux indicateurs tels le « PIB vert » intégrant au calcul du PIB une dimension environnementale) laissant à penser que l’émergence d’une nouvelle économie, plus respectueuse de la nature, est possible. De même, l’économie actuelle semble s’affranchir peu à peu de la logique ultra-libérale qui avait grandement contribué au creusement des inégalités non seulement à l’échelle internationale, mais aussi au sein des pays du Nord. La mise en place des SGP (systèmes généralisés de préférence) impulsée par l’OMC afin de favoriser le développement des pays du Sud, en rompant avec le multilatéralisme prôné par les ultra-libéraux, illustre bien cette tendance. De même, l’exemple des bébés tigres, des 4 dragons d’Asie et des BRIC’s actuellement montre bien que les pays qui adoptent avec succès le mode de développement occidental voient le niveau de vie de leur population s’améliorer. La réélection de Poutine en Russie est en grande partie due à ce phénomène. Cependant, les mesures prises tant dans le domaine environnemental que social ne sont guère coercitives, ce qui en limite l’efficience : Les droits de l’homme ne sont pas respectés dans la plupart des pays émergents, certains états ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto et la question de la répartition des fruits de la croissance reste plus que jamais d’actualité. Ainsi, remédier aux dysfonctionnements du modèle de développement occidental requiert la mise en place à l’échelle internationale d’organismes régulateurs dotés de réels pouvoirs, contraignant par là même les agents économiques (entreprises, états) récalcitrants à se plier à un certain nombre de règles environnementales ou sociales. A l’heure actuelle, malgré l’urgence de la situation, force est de constater qu’aucun des ces organismes n’a réellement vu le jour. L’OMC, l’OMS ou l’ONU n’ont aujourd’hui à l’évidence pas les moyens de réguler de manière efficace les excès engendrés par notre mode de développement. La construction de cette « main visible » salvatrice est donc impérative afin que cette première optique ne reste pas lettre morte.
Beaucoup restent cependant sceptiques quant à la possibilité d’assurer la soutenabilitié d’un mode de développement axé sur la croissance et la dynamique d’accumulation du capital. Comment concilier développement de tous et développement durable ? Il parait impossible qu’une élévation générale du niveau de vie dans les pays du Sud n’aboutisse in fine à une accélération de la destruction de notre environnement. Le développement est confronté à un défi majeur : il faudra, d’ici 50 ans, assurer la couverture des besoins de 9 milliards d’hommes tout en préservant la nature. La croissance et la dynamique d’accumulation ne sont pas, de toute évidence, les bons moyens pour répondre au défi du développement. Mais quelle serait alors l’alternative à ce « développement réellement existant » décrit par Latouche (le développement occidental étant considéré comme le seul développement réellement existant tant il domine la planète depuis 2 siècles). Comme il le dit lui-même, « le développement réellement existant, […] dont le contenu implicite ou explicite réside dans la croissance économique et l’accumulation du capital […], c’est la guerre économique, le pillage sans retenue de la nature, l’occidentalisation du monde et l’uniformisation planétaire, c’est enfin la destruction de toutes les cultures différentes ». Adjoindre un volet social ou une composante écologique à ce « développement réellement existant » relève d’une mystification. On se contente grosso modo d’actions à la marge pour ne pas prendre à bras le corps les véritables problèmes. Or, pour éviter les catastrophes vers lesquelles l’économie mondiale nous entraîne, il est urgent, toujours selon Latouche, de remettre en cause le « noyau dur » sur lequel repose le modèle occidental. C’est donc remettre en cause la croissance, comme le préconisait le rapport Meadows du Club de Rome en 1970. C’est aussi stopper cette course effrénée à la consommation condamnée par Gilles Lipovetsky dans L’Ere du Vide. C’est enfin remettre en question les valeurs occidentales, et notamment l’inébranlable foi en la technique et le progrès qui caractérise notre civilisation. Selon Amartya Sen, « la culture européenne n’est pas la seule voie vers une modernisation réussie ». Les valeurs culturelles asiatiques héritées du confucianisme et du bouddhisme, mais aussi l’animisme sont également de potentiels vecteurs de développement. Les exemples japonais et thaïlandais peuvent de ce point de vue être considérés comme des modèles de réussite. Mais Sen semble oublier que le Japon et la Thaïlande se sont bien vite convertis à la logique occidentale, dans la mesure où la croissance et l’accumulation du capital ont été les principaux ressorts du DES de ces pays du sud-est asiatique. Le problème reste donc entier : aucun modèle de développement alternatif viable n’existe aujourd’hui, ce qui rend la problématique du développement insoluble. Dépasser le concept de développement s’impose donc comme l’unique solution pour parer aux désastres qui s’annoncent si rien n’est fait.
Trouver une alternative au mode de développement occidental est, nous l’avons vu, plus que nécessaire. Mais, si nous devions abandonner la croissance et l’accumulation du capital comme moyens d’accès au développement, quels seraient alors les nouveaux ressorts du DES? A priori, la croissance zéro préconisée par le rapport Meadows et la décroissance relèvent de l’utopie. Alors que le climat économique s’assombrit de jour en jour, une décroissance à l’échelle mondiale aurait des conséquences sociales désastreuses. Elle accentuerait la fracture sociale de manière dramatique. Le chômage de masse qui en découlerait plongerait les ménages déjà en situation précaire dans la misère, tandis que les détenteurs du capital seraient eux relativement à l’abri. Seul un réarbitrage de grande ampleur de la répartition de la valeur ajoutée, qui tendrait vers une réelle équité sociale, permettrait de subvenir aux besoins de toute l’humanité tout en produisant moins de richesses. Produire moins, gaspiller moins, consommer moins (mais mieux) constituent par conséquent les 3 axes autour desquels pourrait se construire une nouvelle économie qui ne viserait plus la croissance mais la couverture des besoins de tout un chacun sans pour autant épuiser les ressources naturelles.
D’autre part, les « stratégies de développement » (que ce soit par promotion d’exportations, substitutions d’importations ou industries industrialisantes) ont certes la louable intention de promouvoir le développement économique des pays du Sud, mais aucune n’intègre la dimension environnementale ni ne remet en question la finalité de la croissance. De plus, la mise en place de ces stratégies a souvent abouti à un échec. La stratégie d’industrie industrialisante n’a pas permis un réel développement économique en Algérie par exemple. Elles sont donc de facto caduques. Le développement durable souffre également de cette même contradiction, dans ce sens où il s’insère dans le système de valeurs occidental et ne cherche pas à s’en détacher. Selon Gro Harlem Brundtland, « le développement durable nécessite de toute évidence la croissance économique et la productivité». Incapable de se défaire du carcan des valeurs occidentales, le développement durable est piégé dans une rédhibitoire contradiction. Il ne remet pas en cause les véritables raisons de la surexploitation de nos ressources. Le culte du progrès et de la technique sont pourtant à l’origine de la surcroissance actuelle et donc de la destruction de notre environnement. La critique antidéveloppementiste considère d’ailleurs le terme de développement comme défini par l’occident et donc, implicitement ou explicitement, porteur de ses valeurs. Il s’avère ainsi crucial de mettre en place à l’échelle globale un « après-développement », qui respecterait la diversité des cultures et des valeurs et réinsérerait l’économique dans le social (« remettre l’économie au service de l’homme » nous dirait H.Bartoli).
Construire cet « après-développement » comprend plusieurs dimensions. Avant tout un retour à une forme de « simplicité volontaire », condition de la réhumanisation de notre société (loin de la frénétique soif de consommation caractéristique des pays développés), permettrait de mettre un terme au pillage sans retenue de la nature dénoncé par Latouche. Selon Edgar Morin, « notre civilisation occidentale, qui s’est du reste mondialisée, est une civilisation qui se définit par l’ensemble des développements de la science, de la technique, de l’économie. Et c’est cette civilisation qui aujourd’hui apporte plus d’effets négatifs que d’effets positifs ». Dégradation de l’environnement, essor de l’individualisme, perte des liens de solidarité lui sont irrémédiablement corrélés. Mener à bien une « politique de l’humanité », alliant « symbiose des civilisations » et réinvention de notre espace de vie (notamment les villes et les campagnes) relève d’après Edgar Morin d’une impérieuse nécessité pour « vivre mieux ». Le productivisme de la Politique Agricole Commune s’était peu à peu vidé de sa substance et avait perdu tout sens. En réorientant la PAC vers des objectifs qualitatifs (en subventionnant d’avantage, par exemple, les cépages réputés dans le domaine viticole) et humanistes, (via la lutte contre la désertification des campagnes grâce aux fonds débloqués pour aider les exploitants) l’UE a vraisemblablement fait un pas vers la revitalisation de nos campagnes chère au philosophe. Enfin, c’est réintroduire la solidarité et l’équité comme principes premiers régissant cet « après développement ». La satisfaction des besoins de tous, au même titre que le véritable « développement durable », doivent dès lors passer par une remise en cause profonde des ressorts actuels du DES, tant la croissance que l’accumulation du capital ou encore la logique de marché. On retrouve une analyse similaire chez John Stuart Mill qui, au 19ème siècle déjà, observait le non sens d’une économie oubliant les individus qu’elle se doit de servir. Selon lui, l’arrivée d’un état stationnaire, en mettant un terme à cette course irréfléchie vers la croissance propre à notre société moderne, permettrait aux hommes de se détacher enfin des préoccupations « basses et matérielles » et s’adonner ainsi à la culture et aux arts.
Yves Paccalet, dans son ouvrage L’Humanité disparaîtra, bon Débarras, admet que la problématique du développement est insoluble, un retour en arrière se révélant quasi impossible. En effet, les valeurs occidentales sont ancrées si profondément dans nos esprits que personne ne songe à les remettre réellement en cause. D’autre part, comme le souligne Jean-Paul Fitoussi dans La Démocratie et le Marché, le fonctionnement du monde échappe aujourd’hui totalement aux citoyens atomisés que nous sommes. Les multinationales, les financiers, les détenteurs du capital sont aujourd’hui les seuls capables d’influer sur cette marche du monde qui nous conduit irrémédiablement vers la catastrophe. Or, ce sont ces mêmes acteurs qui tirent profit de la croissance et de la dynamique d’accumulation du capital. De ce fait, repenser le développement apparaît comme illusoire et vain, tant l’impact que nous avons sur le monde est contingent. L’accumulation du capital et la croissance apparaissent donc aujourd’hui comme notre horizon indépassable et l’homme crée peu à peu les conditions de sa propre destruction. Le capitalisme a jusqu’ici toujours réussi à surmonter les crises et contradictions qui le caractérisent. Face aux catastrophes qui se préparent, mais aussi pour redessiner les liens qui unissent chacun de nous, l’humanité est à la croisée des chemins : Réguler de toute urgence le modèle dominant ou le remettre en cause dans sa globalité.
lundi 9 août 2010
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